3. Pourquoi les pandémies se produisent-elles?

Lors d’une épidémie de maladie infectieuse humaine, le nombre de personnes touchées varie en fonction de la maladie, du lieu, de la taille de la population sensible et de l’environnement ; la propagation universelle et la transformation résultante en pandémie constituent le pire risque. Les agents biologiques peuvent être transmis par ingestion (avalement accidentel ou contact main-bouche), par inhalation, par des rapports sexuels, par les membranes des yeux ou par contact avec une peau éraflée. Pour que la maladie se développe, il faut donc un nombre suffisant de micro-organismes pathogènes pour vaincre les défenses de l’organisme. Ce nombre diffère d’un agent pathogène à l’autre et les doses infectieuses pour certains agents pathogènes demeurent d’autant plus inconnues qu’elles peuvent varier en fonction de la prédisposition elle-même liée à des facteurs métaboliques environnementaux ou humains.

Au XXIe siècle, les épidémies semblent se propager plus rapidement et plus loin qu’auparavant. Des flambées épidémiques jadis localisées peuvent maintenant devenir très rapidement des pandémies en raison d’une série de facteurs : croissance démographique, urbanisation galopante, demande accrue de protéines animales, déplacements plus nombreux et connectivité entre les centres de population, perte d’habitat, changement climatique, etc. Confrontés à une population mondiale estimée à 9,7 milliards d’habitants d’ici 2050 et à une augmentation constante des voyages et des échanges commerciaux, les systèmes de santé publique auront moins de temps pour détecter et contenir une pandémie avant qu’elle ne se propage.

Les experts de santé publique estiment que nous courons désormais un plus grand risque de connaître des épidémies à grande échelle et des pandémies mondiales.

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Facteurs influençant l’apparition d’une maladie infectieuse. Source : Di Munno, CEMEC.

Mondialisation : la mobilité élevée et intensive des personnes, due à la multiplication des voyages et des déplacements internationaux, entraîne une propagation rapide des infections. Ainsi, un individu volant d’un bout à l’autre de la planète peut amener avec lui une nouvelle maladie dans son lieu de destination en quelques heures avant même de présenter des symptômes.

Croissance démographique : à mesure que la population augmente, les besoins en terres et en logements augmentent également. L’homme investit des territoires, comme les forêts, précédemment inhabités. La conquête de nouveaux territoires entraîne le contact avec de nouveaux animaux et, inévitablement, de nouvelles infections. Nombreux sont les pays affectés dans lesquelles la faiblesse du système de soins de santé existant empêche un accès efficace aux interventions sanitaires, à la prévention des infections et aux pratiques de contrôle. La migration est également responsable du risque accru d’infection. Des millions de personnes — confrontées à de multiples urgences humanitaires, fuyant les troubles civils, l’instabilité politique, les conflits, les guerres et les catastrophes naturelles — ont été arrachées à leur foyer et sont devenues des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des migrants économiques ; elles finissent par vivre dans la promiscuité, devenant ainsi particulièrement vulnérables aux maladies. Les conflits et les guerres mentionnés ci-dessus ne provoquent pas seulement des pertes humaines et des déplacements de population civile ; ils détruisent les installations de soins de santé exactement au moment et à l’endroit où ces structures s’avèrent le plus nécessaires.

Sicile, Italie — Femmes africaines dans un camp de réfugiés. Source : Getty Images

Au cours des dernières décennies, de nouvelles maladies infectieuses ont été identifiées et certaines maladies bien connues sont réapparues. La combinaison de l’utilisation abusive des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire, de la résistance à ces substances ainsi que de la mutation génétique des agents biologiques a provoqué un nouveau problème croissant rapidement, à savoir la propagation mondiale des infections. Les virus sont des agents infectieux plus susceptibles de générer des pandémies, car ils sont plus aptes à s’adapter et à passer d’une espèce à l’autre.

Des changements potentiellement dangereux affectent également l’utilisation des terres, les pratiques agricoles (comme la déforestation) et la production alimentaire (comme les marchés de volailles et d’animaux vivants), avec une demande croissante de viande pour la consommation humaine. Ce phénomène, à son tour, entraîne un contact accru entre les hommes et les animaux sauvages et la transmission de zoonoses (une maladie du sommeil causée par le parasite Trypanosoma brucei rhodesiense ou Trypanosoma brucei gambiense pouvant passer de l’animal à l’homme).

São Paulo, Brésil. Quartier populaire accroché à une colline par une journée froide et nuageuse.

Des preuves continuent d’apparaître selon lesquelles le changement climatique entraîne un nombre croissant de vagues de chaleur et d’inondations, autant de phénomènes propices aux maladies d’origine hydrique comme le choléra et aux vecteurs de maladies tels que les moustiques qui gagnent de nouvelles régions.

Forêt amazonienne, Brésil — pratique du brûlé destiné à dégager de nouvelles pâtures. Source : Getty Images